Bois local dans la construction :
un marché en effervescence (juillet 2021)
La certification Bois des territoires du Massif central™ est concernée par l’actualité du secteur, en particulier la hausse des prix du bois. C’est pourquoi nous vous proposons cette note de conjoncture qui concerne l’évolution des prix et disponibilités des bois dans la construction.
1. Contexte de la filière bois construction
Actuellement, le marché mondial du bois est très tendu. Il y a une forte reprise des constructions aux Etats-Unis, couplée à de grandes contraintes douanières entre Etats-Unis et Canada. La Russie restreint elle aussi ses exportations, et les Etats-Unis se tournent ainsi vers l’Europe. Allemands, autrichiens et scandinaves approvisionnent donc largement les Etats-Unis et la Chine. Ces deux pays sont capables d’acheter à des prix très supérieurs aux marchés. Par conséquent, les cours du bois ont atteint un niveau historique en mai dernier, avant d’amorcer une décrue.
Les entreprises françaises de la seconde transformation (charpentiers, menuisiers, lamellistes, etc.), qui s’approvisionnent régulièrement en bois d’importation, sont donc les premières impactées par les augmentations de prix et de délais. Face à cette situation exceptionnelle et sans précédent, elles se tournent massivement vers les scieries françaises pour s’approvisionner en bois d’œuvre. Cependant, elles sont confrontées à des difficultés. Face à cette explosion de la demande, les scieries approvisionnent en priorité leurs clients historiques.
Les scieries françaises travaillent à plus de 100% de leur capacité, les carnets de commandes sont complets pour les mois à venir. Cette situation tendue s’explique car :
- Les entreprises rattrapent le retard pris lors du 1erconfinement et les reprises de chantiers sont fortes (cumul des projets de 2020 et de 2021 à honorer).
- Les scieries répondent aux demandes de nouveaux clients.
Quelques chiffres :
- Les prix constatés en France augmentent de 10 à 15% pour les bois standards mais jusqu’à 30% pour le bois massif en Douglas. A titre de comparaison, aux Etats-Unis les prix au m3 sont multipliés par 3.
- Des augmentations plus fortes pour les bois techniques. Exemple pour le prix d’achat du Bois Lamellé collé (BLC) en France qui a doublé :
- Bois lamellé-collé avec lamelles d’importation
- Avant 2021 : 500€-600€/M3
- Prix actuels : 1200€-1500€/M3
- Bois lamellé-collé avec lamelles locales (Massif central)
- Avant 2021 : 800€-1200€/M3
- Prix actuels : 1200€-1500€/M3
L’évolution des prix des bois locaux est moins forte que pour les bois d’importation. Avant la crise, ces bois locaux étaient moins compétitifs face aux bois d’importation. Ils deviennent donc plus attractifs.
Choix des essences : on remarque une forte tension sur le Douglas. D’autres essences comme le Sapin ou l’Epicéa sont moins concernées par cette augmentation. Ce constat s’appuie sur les ventes ONF de printemps :
- Les taux d’invendus sont en forte baisse, la demande est donc en hausse : +15 % par rapport à 2020 sur les volumes de bois façonnés vendus en forêt domaniale et communale du 1er janvier au 31 mai 2021.
- Des hausses de prix ont été constatées sur les bois sur pied, surtout sur les lots très recherchés : Douglas en bois moyen, mécanisables.
A noter : les scieurs locaux ont parfois des contrats d’approvisionnement avec l’ONF et les coopératives forestières, ce qui stabilise les approvisionnements des scieurs (délais et coûts).
2. Faire appel à du bois local : cas du réseau des entreprises certifiées BTMC™
Les dix scieries certifiées BTMC™ capables d’approvisionner les marchés BTMC sont toutes concernées par ces carnets de commandes pleins.
Cependant, la démarche BTMC vise justement à constituer des grappes d’entreprises de la 1ère et 2nde transformation des bois. Le but : créer des circuits de proximité pour fiabiliser les approvisionnements, créer des habitudes de travail avec des approvisionnements locaux et améliorer la qualité des bois produits (classement, séchage). En un mot : structurer la filière.
Ces grappes d’entreprises sont donc les moins touchées par le contexte actuel et les moins impactées en termes de coûts et de délais. Attention tout de même, ces grappes sont pour certaines en cours de développement (la certification est opérationnelle depuis seulement 2018).
Les entreprises les plus impactées sont donc celles qui s’approvisionnent traditionnellement auprès de fournisseurs étrangers. Le contexte actuel impose un changement radical pour ces entreprises. Un certain nombre d’entre elles, en cours de certification, traverse cette situation. Les difficultés d’approvisionnement en bois BTMC™ des entreprises certifiées sont moindres, surtout pour les chantiers déjà commandés ou en cours.
Cependant, nous sommes très attentifs à l’évolution car ce sont des problématiques qui nous concernent directement, en partenariat avec le réseau des Communes forestières.
3. Perspectives pour les mois à venir
Cette explosion de la demande en bois local induit une revalorisation des produits vendus. Elle permet aux scieries d’investir dans de nouvelles capacités de production et de séchage. Les bois locaux pourraient devenir de plus en plus compétitifs dans les mois à venir face aux bois d’importation.
Cependant, il est aujourd’hui difficile de prévoir une évolution à moyen terme, tant les paramètres sont nombreux. Le secteur évolue dans un contexte mondialisé interdépendant. Ce qu’il faut retenir pour anticiper au mieux les évolutions du marché :
- Le bois est impacté mais ce n’est pas le seul matériau à subir des évolutions de prix et délais d’approvisionnement.
- Les évolutions règlementaires (RE 2020) vont orienter massivement le secteur de la construction vers l’utilisation de matériaux biosourcés tels que le bois.
- Des augmentations de coûts et de délais seront sans doute constatées sur les appels à projets à venir ou en cours de consultation (quel que soit les matériaux mis en œuvre).
- Le bois local est moins impacté que le bois d’importation, et les entreprises habituées à des approvisionnements locaux sont sécurisés.
Ce contexte est finalement une opportunité pour la filière locale du Massif central : les entreprises de la 2nde transformation réorientent massivement leurs achats en bois d’œuvre auprès des fabricants locaux.
Enfin, les entreprises du réseau certifiées BTMC participent activement à la structuration de la filière bois local. A titre d’exemple, un travail est en cours entre scieurs et lamellistes pour réduire les délais d’approvisionnement des charpentiers. Comment ? En limitant l’offre de bois lamellé-collé et contre-collé à quelques sections standards. Les scieries BTMC™ pourront ainsi produire et constituer des stocks de lamelles BTMC™.
Références :
- « Frénésie internationale sur le bois : quelles conséquences pour les professionnels ? », lettre de conjoncture de l’ONF n°6 (avril-mai-juin 2021), 18 juin 2021, [en ligne, consulté en juillet 2021].
- « Tensions sur l’approvisionnement et le prix des matériaux de construction », note de conjoncture de FIBOIS AURA, avril 2021 [en ligne, consulté en juillet 2021]
- « Pourquoi les prix du bois d’œuvre resteront élevés » sur le site internet canadien Les affaires, 23 juin 2021 [en ligne, consulté en juillet 2021].